Washington apporte sa touche au Nord-Ouest Nigérian
Le gouvernement nigérian a officiellement confirmé, ce vendredi, que le ciel du nord-ouest du pays avait récemment accueilli des « frappes aériennes de précision ». Une nouveauté dans la région, habituée aux violences terrestres, et rendue possible grâce à un partenariat bien particulier : la coopération sécuritaire avec les États-Unis.
Cette annonce fait suite à une communication diplomatique des plus modernes : un post sur Truth Social de l’ancien président américain Donald Trump. Ce dernier a en effet révélé, avec sa subtilité coutumière, avoir ordonné des « frappes puissantes et meurtrières » pour protéger « des chrétiens innocents » visés par des attaques d’une ampleur « jamais vue depuis des siècles ». Une déclaration qui a sans doute fait sursauter les historiens, mais qui a eu le mérite de pousser Abuja à publier un communiqué pour replacer les choses dans leur contexte.

Le ministère nigérian des Affaires étrangères a ainsi tenu à rappeler, avec un calme méritoire, que cette collaboration s’inscrit dans un cadre « structuré », respectueux du droit international et de la souveraineté nationale. Traduction : les frappes, bien que potentiellement inspirées par des posts sur les réseaux sociaux, ne sont pas le fruit d’un simple clic impulsif. Il s’agit d’un échange de renseignements et d’une coordination stratégique rigoureuse, « conformes aux pratiques internationales établies ».
Dans sa prose diplomatique, Abuja a réaffirmé avec force que toutes ses opérations ont pour priorité la protection des civils, l’unité nationale et les droits de tous les citoyens, « sans distinction de religion ou d’ethnicité ». Un message on ne peut plus clair, visant à tempérer tout récit manichéen. Le communiqué a même ajouté, pour enfoncer le clou, que « la violence terroriste, qu’elle vise des chrétiens, des musulmans ou d’autres communautés, constitue une atteinte grave aux valeurs fondamentales du Nigeria ». Une manière élégante de dire que la tragédie humaine ne se mesure pas à l’aune des affiliations religieuses des victimes.
Cette coopération arrive à un moment où le nord-ouest du Nigeria, traditionnellement en proie à un banditisme organisé cruel, voit les lignes se brouiller avec la montée d’idéologies jihadistes. La région subit en effet enlèvements massifs et massacres, une violence aveugle qui emporte des vies dans l’indifférence générale, bien loin des projecteurs médiatiques.
Ainsi, tandis que les communiqués officiels célèbrent une coopération renforcée et le renforcement des institutions, et que les déclarations tonitruantes promettent des vengeances ciblées, la réalité sur le terrain reste celle de familles endeuillées, de villages terrorisés et d’un pays qui lutte, complexité et contradictions comprises, contre une hydre à plusieurs têtes. Le chapitre le plus récent de cette longue guerre se joue désormais avec un partenaire extérieur qui a décidé, visiblement, d’appuyer sur le bouton « frappe de précision ». Reste à voir si cette nouvelle page apportera plus que des cratères et des communiqués, et si elle parviendra à épargner celles et ceux qui ne demandent qu’à vivre en paix.

