vendredi 26 décembre 2025
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À la découverte du Cap Lopez : le phare oublié, sentinelle de l’Afrique équatoriale

Alors que les fêtes de fin d’année sont là, certains lieux semblent murmurer à ceux qui cherchent des échappées chargées d’âme et d’histoire. À la pointe nord de l’île Mandji, face au delta de l’Ogooué et à l’immensité atlantique, le phare du Cap Lopez se dresse, fragile et fier, témoin silencieux d’un siècle d’intempéries et de navigations.

Construit en 1911 dans les ateliers de Gustave Eiffel, ce phare a longtemps guidé les navires à travers les eaux indomptables du Gabon. Aujourd’hui, sa structure de fer est rongée par le sel et les vagues, son foyer lumineux éteint depuis longtemps, mais son empreinte demeure, profondément ancrée dans le paysage et les mémoires. Chaque visiteur qui s’aventure jusqu’à ce cap isolé ressent l’émotion d’un face-à-face avec le temps suspendu, où le vent apporte encore l’écho des lumières d’antan.

Témoignages : une rencontre entre mémoire et émotion

Joseph, pêcheur de l’île Mandji :« Ce phare, pour nous, ce n’est pas juste une vieille tour. C’est un aïeul qui veille. Quand j’étais enfant, mon père me racontait comment sa lumière perçait les nuits les plus sombres, comme un astre fixe au milieu du chaos des vagues. Aujourd’hui, même silencieux, il nous rappelle d’où l’on vient. Je viens parfois m’asseoir à ses pieds, et j’entends presque les voix des marins d’avant, ceux qui partaient et revenaient grâce à lui. Il résiste, comme nous, à la force de l’océan. »

Luisa, touriste italienne venue de Milan : « Je cherchais un endroit hors du temps pour finir l’année, loin des lumières de la ville… Je ne m’attendais pas à ça. En le voyant se dresser contre le ciel, tordu par les années mais si digne, j’ai eu les larmes aux yeux. C’est comme une cathédrale abandonnée face à l’océan. J’ai fermé les yeux, et j’ai imaginé les navires qui devaient l’apercevoir après des mois en mer. C’est une leçon de résistance et de beauté mélancolique. Je repars avec son image gravée en moi. »

Un patrimoine menacé, une beauté fragile

 

L’érosion marine avance année après année, grignotant les fondations du phare. Malgré les risques d’effondrement, il tient debout, « comme un cœur battant au rythme de l’océan », selon les mots d’un habitant. Pour les amoureux de patrimoine et les voyageurs en quête d’authenticité, le Cap Lopez offre une expérience rare : celle de se tenir au point le plus occidental de l’Afrique équatoriale, là où l’eau douce du delta rencontre l’Atlantique, dans un murmure éternel.

Une escapade pour les fêtes

En cette période de réveillons et de retrouvailles, le phare du Cap Lopez rappelle que certains lieux portent en eux plus que des pierres et du métal : ils gardent les rêves, les peurs et les espoirs de ceux qui les ont fréquentés. Une visite ici, c’est une plongée dans l’histoire du Gabon, un hommage à la nature sauvage, et un moment de recueillement face à la force du temps.

Pour s’y rendre depuis Port-Gentil, une piste conduit vers la pointe nord de l’île Mandji. Prévoir un véhicule adapté et se renseigner sur l’état de la route, surtout en saison des pluies.

 

 

Phare du Cap Lopez – Un poème de fer et de vent à découvrir avant que le silence ne devienne souvenir.

 

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