lundi 17 novembre 2025
À la uneAfrikExpress

Affaire Opiangah : les avocats somment les nouvelles autorités de passer des promesses aux actes

Alors que le Gabon aspire à une nouvelle ère, une affaire  emblématique vient tester les promesses de réforme de la justice. Les avocats d’Hervé Patrick Opiangah lancent un cri d’alarme : les méthodes de l’ancien régime seraient toujours à l’œuvre, menaçant la crédibilité de la refondation promise.

La promesse était pourtant claire : tourner la page des pratiques judiciaires arbitraires et restaurer l’État de droit. Mais dans le cabinet d’avocats où s’est tenue la conférence de presse de la défense d’Hervé Patrick Opiangah, le constat est sans appel. Selon ses conseils, l’enquête préliminaire menée contre leur client est une démonstration inquiétante de la « panne » de la justice gabonaise, un dysfonctionnement qui appelle une intervention urgente des plus hautes autorités.

Face au « tribunal de l’opinion publique », les avocats sont montés au front pour replacer le dossier « dans le strict cadre du droit ». Leur objectif : exposer des irrégularités qu’ils jugent incompatibles avec les engagements de transparence et de partialité  des nouvelles institutions.

Au cœur de la controverse, des accusations d’inceste et de viol remontant à plus de vingt ans, que la prétendue victime aurait toujours niées. « La victime… dit qu’elle n’a jamais été violée. Toujours, toujours, toujours, elle répète urbi et orbi qu’il n’y a jamais eu de viol », a martelé Me Paulette Oyane-Ondo, questionnant la soudaineté d’une plainte déposée alors que la personne concernée a aujourd’hui 34 ans.

Mais le grief principal, présenté comme le symbole d’une justice défaillante, porte sur une perquisition qualifiée de « fantôme ».

Le 20 novembre 2024, les forces de l’ordre ont procédé à une saisie massive de biens – bijoux, montres de luxe évaluées à 900 millions de FCFA, devises et passeports. Problème : les avocats affirment que cette opération s’est déroulée « à la marge de la loi », sans mandat, sans consentement du propriétaire, et en violation flagrant du Code de procédure pénale.

« Quel est le lien entre des montres de luxe et un prétendu viol ? En quoi ces biens établissent-ils une infraction inexistante ? », ont-ils interrogé. Pire, les formalités légales élémentaires n’auraient pas été respectées : aucun procès-verbal immédiat n’a été rédigé et les scellés, preuve essentielle de la chaîne de custody, sont inexistants. Une absence confirmée par le juge d’instruction lui-même, qui a rejeté la demande de restitution… faute de scellés à examiner.

C’est ici que l’affaire dépasse le cadre strict du dossier pénal. Pour la défense, ces dysfonctionnements ne sont pas de simples détails procéduraux, mais le symptôme d’un système qui résiste au changement. La restauration de la légalité et la restitution des biens saisis deviennent ainsi un test crucial.

Les avocats appellent donc les plus hautes autorités judiciaires et institutionnelles à intervenir. La balle est dans le camp du pouvoir : permettra-t-on que les méthodes d’antan persistent, ou saisira-t-on cette occasion pour démontrer concrètement que la page est tournée et que la justice gabonaise est enfin en marche ? La crédibilité de la refondation promise se joue peut-être dans ce dossier sensible.

 

Laisser un commentaire