dimanche 19 octobre 2025
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« Ils voulaient tuer les témoins » : Cinq journalistes d’Al Jazeera exécutés dans une frappe ciblée à Gaza

Dans la nuit du 10 août 2025, une frappe israélienne pulvérise une tente abritant des journalistes d’Al Jazeera devant l’hôpital Al-Shifa à Gaza-ville. Le bilan est sans appel : Anas al-Sharif (28 ans), correspondant emblématique, père de deux enfants, dont le père avait déjà été tué par Israël en 2023. Mohammed Qreiqeh, correspondant, laissant deux enfants. Ibrahim Zaher, Mohammed Noufal, Moamen Aliwa, cameramen.  

L’armée israélienne admet dès les premières heures avoir ciblé al-Sharif, le qualifiant de « terroriste du Hamas » – une accusation qu’il avait déjà démentie en juillet devant le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).

Une préméditation documentée  

Dès juillet 2024, le porte-parole militaire israélien Avichay Adraee diffuse une vidéo accusant al-Sharif d’appartenir au Hamas. L’ONU et le CPJ dénonçaient alors une « incitation au meurtre » . Al Jazeera a perdu 10 journalistes depuis octobre 2023. L’attaque survient une semaine après de nouvelles menaces officielles israéliennes contre ses équipes . Un texte préparé par al-Sharif en cas de mort est publié sur son compte X :« Je n’ai jamais hésité à transmettre la vérité sans falsification » Anas et ses collègues étaient les dernières voix de Gaza à montrer au monde notre lente agonie, selon un journaliste gazaoui sous anonymat .

Pour la première fois, Tsahal revendique ouvertement l’élimination d’un journaliste, rompant avec sa dénégation habituelle. Le jour même du drame, Netanyahu annonce « élargir l’accès des médias internationaux » – tout en exigeant un contrôle militaire sur leurs reportages.

L’omerta stratégique

  L’ONU et Reporters sans frontières accusent Israël de « crimes de guerre » contre les journalistes. La démarche répondrait à une logique :

– Éviter la couverture de l’offensive israélienne sur Gaza-ville lancée le 7 août, et taire la crise humanitaire : al-Sharif avait fait pleurer le monde en juillet en montrant des enfants mourant de faim en direct. « Sans témoins, le massacre devient invisible. Gaza se meurt dans un black-out médiatique organisé » a déclaré,  Sara Qudah, directrice du CPJ pour le Moyen-Orient.

  Ce 11 août, des centaines de Palestiniens ont enterré les cinq hommes dans une Gaza en ruines. Al-Sharif repose près de son père, tué dans une frappe en 2023. Ses derniers mots résonnent : « N’oubliez pas Gaza ».  Cette attaque porte un coup fatal au droit à l’information. Avec la mort des derniers journalistes locaux, Gaza bascule dans le récit unique – celui des bombes et des communiqués militaires.

 

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