dimanche 19 octobre 2025
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Sénégal : Diomaye et Sonko, le tango présidentiel qui fait jaser

Et si le Sénégal, champion auto-proclamé de la démocratie africaine (certes souvent au prix de quelques barricades), nous offrait son prochain feuilleton politique à suspense ? La question fuse dans les rédactions et les salons feutrés depuis la dernière sortie remarquée d’Ousmane Sonko. Le Premier ministre aurait-il lancé un pavé dans la mare présidentielle, ou simplement réajusté son micro ?

 Le duo de choc (ou de la déchirure ?)  

Depuis deux ans, Bassirou Diomaye Faye, l’homme surgi de l’improbable, incarne la Teranga à la présidence. À ses côtés, son Premier ministre, mais surtout, son ancien mentor politique : Ousmane Sonko. Un binôme prometteur, façon « élève dépassant le maître »… jusqu’à ce que le pouvoir, ce vieux rongeur de relations, montre ses crocs. La rupture pointe-t-elle son nez au sommet de l’État sénégalais ? L’Obs titre, non sans une pointe de malice : « Diomaye, le silence lourd de symboles : entre sagesse et fragilité révélée ». Le président, lui, choisit l’arme du mutisme, préférant visiblement parler pétrole et Nobel avec Trump à Washington plutôt que de répondre aux « flèches » lancées en son absence par son PM. Stratégie du sphinx ou début de panique ?

Sonko, le maître à penser qui ne mâche pas ses mots 

 Pendant que son « filleul » président discutait économie mondiale, Sonko, lui, ne perdait pas de temps. Lors d’un meeting de leur parti, le Pastef, il a balancé des piques en l’absence même de Diomaye. Un timing parfait, un coup médiatique assuré. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le leader charismatique n’a pas opté pour la langue de bois. Sud Quotidien résume d’ailleurs la cacophonie ambiante par un sous-titre évocateur : « Une sortie, mille vues ».

Entre les cassandres et les zen : Qui croire ?  

La presse, en bon chœur griot, amplifie chaque silence et décrypte chaque virgule. Les politiques, eux, sortent le popcorn. Samba Sy (PIT) joue les Cassandres : « Cette controverse traduit une cohabitation politique difficile (…) Nous faisons face à une crise institutionnelle qui pourrait s’avérer dangereuse ». Une vision apocalyptique du tango présidentiel. À l’opposé, le sociologue Mamadou Wane Mao rassure, l’air de dire « calmez-vous, ce n’est qu’un sketch » : « Simple communication », affirme-t-il, balayant d’un revers de main toute comparaison avec la grave crise de 1962. « Pas d’analogie », martèle-t-il. Ouf, ce ne serait donc qu’un petit coup de théâtre ?

La question qui tchatche  

Alors, fin de la lune de miel au Palais ? Simple coup de pression médiatique ? Le duel entre le silence calculé de Diomaye et les verbes tranchants de Sonko alimente toutes les spéculations. Reste une interrogation en suspens, aussi brûlante que le soleil dakarois : dans deux ans, seront-ils encore en train de danser le même tango, ou bien l’un aura-t-il définitivement marché sur les pieds de l’autre ? Le temps, ce grand metteur en scène, nous le dira. En attendant, le Sénégal nous offre un spectacle politique dont il a le secret, démocratie oblige, avec son lot inévitable de suspense et de petites phrases assassines.

 

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