Bourses à l’étranger : le Gabon tourne le dos à l’Occident (et à ses factures salées)
Finies les études sous la tour Eiffel ou la statue de la Liberté ? Le gouvernement suspend les bourses pour les étudiants visant le Canada, les États-Unis ou la France. Motif officiel : le coût exorbitant… et le petit détail du « retour au pays ».
Le président Brice Clotaire Oligui Nguema, en croisade contre les dépenses publiques « superflues », vient de pointer un secteur dans son collimateur : les bourses étudiantes vers les pays occidentaux. Sur instruction de l’exécutif, l’octroi de ces aides pour les États-Unis, le Canada et la France sera suspendu à compter de 2026. Exit, donc, les campus américains ou les universités parisiennes pour les boursiers gabonais.
La raison ? Une addition jugée trop lourde pour le contribuable gabonais. « Là-bas, les études coûtent cher. Et ceux qui y vont ne reviennent jamais », a asséné le président lors d’une rencontre… avec la diaspora gabonaise aux États-Unis. Un paradoxe qui n’a visiblement pas échappé à l’assistance.
Orthodoxie financière vs. « fuite des cerveaux »
Le discours officiel invoque une saine gestion : des frais annuels oscillant entre 20 et 50 milliards de FCFA pour des bénéfices jugés… aléatoires. Pourquoi financer des MBA à Harvard si les diplômés préfèrent Silicon Valley à Libreville ? Le chef de l’État a donc choisi de « prendre le taureau par les cornes » : cap sur des destinations plus « abordables » et, surtout, plus fidèles.
Sénégal, Maroc, Ghana : nouvelles terres promises ?
« On préfère donner la bourse à des étudiants qui vont au Sénégal, au Ghana, au Maroc, parce qu’on sait qu’ils vont revenir », a précisé Oligui Nguema. Une logique implacable : pourquoi risquer l’exil des cerveaux quand on peut les garder en Afrique francophone, à moindre coût ? Un calcul économique qui fait du continent la nouvelle chasse gardée des bourses gabonaises.
Optimisation ou repli stratégique ?
Présentée comme une réforme d’ »optimisation » des investissements éducatifs, cette mesure interroge. Si la lutte contre la fuite des cerveaux et les économies budgétaires sont louables, certains y verront un repli sur soi – ou un aveu d’échec à ramener ses talents de New York ou Montréal. Le Gabon parie désormais sur un retour sur investissement garanti : des étudiants formés ailleurs, mais pas trop loin.
Adieu donc les rêves californiens, bonjour les bancs de Dakar. Le gouvernement gabonais troque les destinations prestigieuses contre la garantie du retour. Reste à savoir si les futurs cadres du pays accueilleront cette « dynamique » avec la même sérénité budgétaire que la présidence gabonaise.